Guitariste des groupes DARUMA, KE ONDA, FAMILLE et JE et professeur de guitare, je sors ce petit album pour partager mes compositions originales, entre rock planant, metal progressif,  musique médiévale et du monde, bref tout ce que j’aime en toute liberté et en instrumental ! Album 100 % fait maison, enregistré, mixé et masterisé par mes soins ! 

 

Chronique de l’album « Hybrid » de Julien Pelloux par Pascal Borsotto (05.05.2024)

Je vous propose ce matin une « petite » chronique d’album : « Hybrid » de Julien Pelloux. Il est des musiciens ou chanteurs, qui à mes yeux et surtout à mes oreilles, n’ont pas beaucoup de talent musical ou de sens artistique recherché et abouti, ni même de don vocal, mais qui sont jetés sur le devant de la scène et appréciés malgré tout par les masses – qui, je suppose, n’ont plus assez de neurones pour savoir apprécier les bonnes choses… Ils produisent des musiques (la plupart du temps uniquement avec des machines) et des chansons actuelles souvent très courtes avec des paroles insipides, insensées et ridicules. Je ne donnerai pas d’exemple je l’ai assez fait ces derniers temps, et j’en agace certains avec ça… Histoire de goûts, histoire d’époque, que sais-je encore… On ne va pas revenir sur le sujet…

Puis il y a des artistes, surdoués, dans l’ombre, localement connus ou pas du tout, multi-instrumentistes, avec un sens raffiné de la composition ou de l’écriture – qui mériteraient d’être largement sur le devant de ces mêmes scènes ! Julien Pelloux est de ceux-là ! J’ai connu Julien cet été à Saint-Aygulf durant un concert pour lequel je devais faire des photos, et on a facilement sympathisé par la suite, après quelques échanges sur nos goûts musicaux communs. Il a mis en musique il y’a quelques mois un de mes textes sur lequel il avait bien tilté : « La Robe de Gitane » – proposition que j’ai particulièrement appréciée…

Cet artiste a produit récemment un double album instrumental totalement seul (sauf une chanson en collaboration avec d’autres musiciens, j’y reviendrai plus bas…). Sur cet album, constitué de « chutes » comme il s’amuse à le dire, Julien Pelloux ne se contente pas seulement d’être un très bon guitariste, il y joue également de la basse, des synthés, du piano, du violon, du charango, du dulcimer, du bouzouki, de la mandoline, plusieurs flûtes, des percussions, et de la batterie programmée entre autres… Et pour couronner le tout, il a enregistré, mixé et masterisé l’intégralité du CD dans son studio : Daruma Studio. Un son impeccable, limpide, réfléchi… En un mot : PRO ! Je vais donc tenter de chroniquer ce double album aux textures tellement variées et subtiles que j’ai du mal à le ranger dans une catégorie unique, mais ça tombe bien, je n’aime pas trop les étiquettes… Tantôt hard-rock ou metal, tantôt rock progressif, tantôt musique du Monde, tantôt psychédélique, tantôt classique, tantôt médiéval, tantôt planant,… Un savant mélange qui ne peut qu’attirer mes oreilles de mélomane, passionné par les musiques aux textures complexes et riches, celles qui vous font rêver et qui vous élèvent vers des contrées cosmiques universelles ! (Quel poète !). En un mot commençant, laissons la place à la chronique…

CD1 – Piste 1 – « Baroque Ouverture » – 5:53. Le premier titre commence par un synthé éthéré qui annonce la couleur, et enchaîne des passages de guitares classiques et électriques très mélodiques. La cadence rythmique me rappelle illico les meilleurs moments d’Helloween, et du Metal néo-classique et symphonique, initié au début des 80’s par des guitaristes de la trempe des Malmsteen ou Blackmore (c’est dire !) tous deux très fans de musique baroque – Le titre est donc très bien trouvé !. Quelques trompettes « royales » viennent enrober le tout (sur les deux ponts), et ça repart de plus belle avec un solo court mais très mélodique (Adrian Smith n’est pas très loin…). On tient là une musique d’ouverture enjouée et répétitive qui se termine en acoustique sur la base du thème principal et qui donne direct l’envie de poursuivre l’aventure – j’oserais dire, le film !

CD1 – Piste 2 – « Hybrid » – 7:19 Les choses deviennent plus sérieuses, plusgraves… On enchaine sur un second morceau que l’on peut rentrer dans la catégorie «Metal Progressif » tant la structure à tiroirs est présente. Double grosse caisse, rythmiques changeantes, guitares saturées et classiques, quelques touches de synthés d’ambiances en fond… J’apprécie toujours autant ce pont acoustique néo-classique au milieu, avec ces ambiances planantes qui me renvoient à mes chères années 70 fétiches… Certains riffs bien rugueux ne sont pas sans me rappeler le Porcupine Tree de 2004/2005 (un de mes groupes fétiches des années 90/2000). Les fans de gros son apprécieront sans difficulté !

CD1 – Piste 3 – « Utopia Fields (Part 1) » – 5:39 L’intro de ce morceau me frappe d’entrée par son ambiance « Satriani/Vaï ». Les mélodies multiples à la guitare et la rythmique syncopée, me font penser au Maiden progressif (trois guitaristes) de ces dernières années (sauf que le gars ici, est seul – rappelons-le !). Les solos offrent un feeling bien Pelloux ! Y’a pas à dire, le gars maîtrise son manche, si je peux me permettre ! A noter, le morceau commence et se termine par des crépitement de vinyle, donnant un petit côté vintage fort sympathique.

CD1 – Piste 4 – « Perpretators » – 8:56 Le morceau démarre en acoustique dans un style « film de Sergio Leone ». Plus lent et parsemé de mélodies à la « Brave New World » (Iron Maiden) le morceau progresse peu à peu vers un Metal enjoué, aux solos et coupures rythmiques syncopées toujours aussi bien maîtrisés, quelques bruitages et voix féminines viennent ajouter une atmosphère inquiétante, avant la reprise du thème principal sur-dynamisé (savant mélange de Maiden/Helloween), se finissant par une outro acoustique envoutante et nostalgique qui ne peut que ravir mes oreilles… (Ho ! Encore des petits crépitements vinyle en fondu).

CD1 – Piste 5 – « In Too Deep » – 10:05 Les choses se « progressisent » avec ce titre à tiroirs. Une intro au clavier très 80’s, complétée par la guitare, enchaine sur une ambiance Tool/King Crimson oppressante et insistante, tantôt rapide, tantôt médium, un clavier façon Camel, et une guitare au feeling Pelloux. Le pont acoustique très « gypsy » au milieu offre un feeling guitaristique à hérisser le poil (et dans ce domaine je m’y connais…), le cœur est touché de plein fouet ! La suite alterne avec des envolées à la Pelloux, et se termine par un passage mystérieux agrémenté de vrais chants de baleines et dauphins ! Pas de doute, nous sommes en profondeur ! Un régal…

CD1 – Piste 6 – « Flying » – 6:45 Juste après l’intro, la structure du riff m’évoque agréablement le « Psycho Motel » d’Adrian Smith, il se poursuit par une montée, une progression et un changement rythmique répétitif totalement jouissif servi d’une mélodie plaintive, de quoi réveiller un mort ! Guitares entremêlées, coupure de rythme, et on revient à la charge… Les solos wah-wah sont grandioses. Le morceau se termine cette fois-ci en compagnie de mouettes, ben ouaih, normal vu le titre…

CD1 – Piste 7 – « Delirium » – 7:09 On arrive (déjà ?!) au dernier morceau du CD1 et non des moindres… Dès l’intro un peu à la Moonchild (Maiden) on sait qu’on tient un petit bijou. Le tempo ralenti, le feeling guitaristique de Pelloux s’exprime avec une limpidité incroyable, dans des phrasés interminables et envoutants, parfois Malmsteeniens, Petrucciens (Dream Theater)… Les amoureux de guitare électrique prendront leur pied ! Certains passages m’évoquent en finesse le magnifique « Accident of Birth » de Bruce Dickinson. La reprise solo après le pont, est encore une fois jouissive, et le solo final m’évoque un Murray (Maiden) bien en forme… Sans conteste le morceau le plus « délirant » et jouissif de ce premier CD, qui se termine par des nappes de rires « doux » totalement fous et limite inquiétants – l’asile n’est pas loin !

On fait une petite pause, pipi, après ce premier opus très riche, metal et mélodique, puis sans trop tarder, on s’empresse d’envoyer la galette 2 ! J’aime autant vous prévenir… on atteint des sommets, le CD2 se veut encore plus aventureux et progressif.

CD2 – Piste 1 – « Alchemy » – 11:53 Ce morceau épique de bout en bout, est un de ceux que j’apprécie le plus et mérite bien son nom… Composé de parties singulières, il propose une alchimie de variations mélangeant intelligemment rock-progressif, metal et musique du monde. On retrouve du Dream Theater (Intro / Partie 1) où se mêlent guitares électriques, piano, cloches, pour une ambiance théâtralisée du thème principal. S’ensuit la partie 2, aux harmonies vocales (Lead chantés par Elodie, la compagne de Julien), une sorte de chant grégorien très surprenant et agréable. La partie 3 est une suite acoustique « moyenâgeuse » dans un style à la Steve Howe (Yes), composées de tambourins, flûtes, mandolines, guitares… Le thème est enchainé et repris dans la partie 4 en version électrisée avec une superposition de guitares qui

lorgne vers Queen ou Mike Oldfield. La partie 5, aux chants tout droit venus de peuplades lointaines immaculées (interprétés une nouvelle fois par Elodie), n’est pas sans évoquer le lyrisme de Dead Can Dance. Le ton se durcit dans la partie 6, la batterie s’invite peu à peu et le son s’intensifie avec une guitare plaintive et langoureuse accompagnée d’une double grosse caisse pour se finir tout en douceur au piano dans la partie 7 qui reprend le thème principal en fondu… Un must ! On peut le dire, une alchimie parfaite !

CD2 – Piste 2 – « Old Memories » – 7 :39 L’intro de ce morceau m’évoque une ambiance Oldfield dans les sonorités de l’arrière plan. La douceur acoustique (guitares, violon) et la mélancolie progressive de la guitare électrique me renvoient au « Alternative 4 » d’Anathema – superbe ! Le morceau se termine par une alternance progressive tout d’abord énergique puis de nouveau apaisée. Un moment beau d’émotion et d’évasion – mais quoi de plus normal vu le titre ?

CD2 – Piste 3 – « Misteries of Creation » – 14:42 Avec ce titre, Julien s’accompagne de musiciens de son entourage (dont certains membres de son groupe Daruma). Une très brève partie chantée au tout début nous surprend agréablement sur ce CD qui se veut à 98% instrumental. Une ambiance « Manouche » (version Metal subtil) tout en alternance, qui côtoie en son milieu un Metal Prog plus pêchu, agrémentée de solos de guitare magistraux, une flûte envoutante venant clore le tout… Que dire de plus… Magique !

CD2 – Piste 4 – « Utopia Fields (Part 2) – 5:14 La reprise d’Utopia Field se veut une transition tout en douceur. Un beau mélange langoureux d’acoustique et d’électrique au feeling feutré et mélancolique nous préparant au pavé du CD… Et quel pavé !

CD2 – Piste 5 – « Like a Phoenix » – 20:19 Nous arrivons en fin de course, avec ledit pavé ! Comment chroniquer correctement un titre pareil… Tout d’abord, tout groupe de Rock Progressif qui se respecte se doit de terminer une œuvre par un titre épique (Il est assez courant de trouver des morceaux de 20mn ou plus dans ce genre de musique)… Sur ce plan là, rien à redire, mission largement accomplie ! Le titre commence d’une façon très énergique et endiablée (Helloween/Stratovarius ne sont pas loin) avec une guitare wah-wah du plus bel effet, qui nous parle littéralement ! Et quand je dis « nous parle », je vous assure, cette guitare parle !… Je dirais même, elle miaule (C’est encore mieux, quand on préfère les chats aux humains !) – Entre 5:38 et 5:53, quelque chose se passe entre mes oreilles… C’est quoi ce truc qui fout les poils, bordel !? Mais ce n’est que le début… Les guitares commencent rudement à s’affoler… Et là baam ! On plane ! Toute cette énergie se retrouve d’un coup balayée du revers et remplacée par une douceur enveloppée de coton, illustrée par des claviers qui personnellement me renvoient directement dans les années 60/70’s, agrémentée de petits coup de cymbales et d’acoustique… Peu à peu, la guitare électrique reprend du service, ainsi que la batterie, toujours accompagnées de cet orgue angélique… Ainsi commence une épopée guitaristique qui semble éternelle… On attend la suite, on se dit « Bon, normalement, ça devrait s’arrêter… » Ben non ! Ça ne s’arrête pas, ça continue de plus belle… Et là on reste scotché… Ça monte, ça monte… Attendez, là, j’y arrive plus, mon âme se détache de mon corps… Je ne fais plus qu’un avec l’Univers… Le mot « jouissance » prend tout son sens… Le gars, il ne lâche plus sa gratte, il nous livre un monument de la guitare (9mn de solo par paliers, les jets de fusée sont du pipi de chat en comparaison !) On croit être arrivé au bout… puis Non !!! Ça monte toujours ! Y’aurait-il un univers au bout de l’univers ??? Et baam ! On se retrouve devant le mur du temps et de l’espace, on a vu Dieu !… C’est alors qu’on finit par 2mn de transe Pink Floydienne, question de revenir sur Terre tout en douceur (c’est dangereux de toucher Dieu trop longtemps quand on n’est qu’un humain…). Ainsi s’achève ce titre monumental qui m’a procuré une des rares montées d’adrénaline musicale depuis ces 10 dernières années ! Et c’est Français ma p’tite dame ! Ouaih ! 100% Français ! C’est du Pelloux !

Pour résumer, et ce n’est pas évident, cet album m’a émerveillé du début à la fin, avec une légère préférence pour le CD2 sans minimiser bien évidemment le CD1. Tout du long de cette chronique, j’ai mentionné certaines références (non exhaustives). En aucun cas cela ne signifie que Julien ait pompé les groupes mentionnés, il est normal en tant que musicien d’être inspiré par des artistes de renom, et je tiens à préciser : il a bien son univers propre et singulier !

Sans conteste, Julien est un artiste qui mérite qu’on applaudisse son art et son œuvre… Je terminerai en disant : « Bordel, les gens de ce Monde, vous pouvez pas un peu vous réveiller les neurones et vous intéresser un peu à des vrais artistes ? Ça nous éviterait peut-être une extinction prématurée…». 😉

Si vous voulez vous renseigner, écouter ou bien acheter c’est ici :

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